Enfant juste sage, juste obéissant mais triste comme un lion en cage.
Ă lâĂ©cole, aprĂšs avoir exploitĂ© ma curiositĂ© naturelle pour obtenir de bonnes notes et comprendre ce que lâon mâenseignait, je suis rapidement devenue moyenne. Pas mauvaise, ni blasĂ©e ou ennuyĂ©e. Juste moyenne. Jâavais des 8 dans les matiĂšres qui demandaient de la concentration et de la rigueur, plutĂŽt des 12 dans les matiĂšres plus artistiques et âsubjectivesâ.
Cette moyennetĂ© sâest aussi rĂ©vĂ©lĂ©e dans mon caractĂšre, ce que jâavais de personnalitĂ©. Je ne disais rien, je nâosais pas penser ni avoir dâavis. JâĂ©tais une personne lisse. Tellement que ma professeure principale de 5e Ă©tait persuadĂ©e que jâĂ©tais juste une petite connasse insolente. Mais jâĂ©tais juste pĂ©trifiĂ©e de devoir parler devant plus de deux personnes, devoir justifier cette timiditĂ© et ce manque de confiance. Points de vue diffĂ©rents, jâimagine.
Je nâavais rien de plus, rien de moins. Pas de QI supĂ©rieur, pas de prĂ©cocitĂ©, ni de difficultĂ©s apparentes. Rien qui pouvait justifier ma moyennetĂ© dans ces normes et ces barĂšmes. JâĂ©tais dans la moyenne. JâĂ©tais juste âmoyennisteâ.
Est-ce que vous aussi, vous vous ĂȘtes dĂ©jĂ rangĂ©âââou fait-e rangerâââdans le compartiment indiffĂ©rent de La Moyenne ?
Physiquement, jâĂ©tais la plus grande de la classe, plus grande que les garçons câest vrai, mais je nâavais pas un physique ravageur, ni sexuĂ© ni gracieux. Je nâavais pas non plus, un style et des avantages naturels qui auraient pu mettre en valeur mais un visage rectangulaire quelconque, des yeux simplement marrons ou des cheveux chĂątain clairs comme tout le monde.
Je dessinais depuis toute petite, oui, câest la seule chose qui sortait du lot chez moi jusquâĂ lâadolescence. PĂ©riode oĂč, ensuite, dâautres me mettaient une vĂ©ritable rouste tant ils avaient progressĂ© dans ce domaine alors que je stagnais. Comme une personne moyenne. Comme une moyenniste.
PassĂ© de l’indiffĂ©rence vers le “Oh tu as de la chance !”.
Non. La chance n’existe pas, elle se construit ardemment et intelligemment. Et cela s’appelle l’OpportunitĂ©.
Aujourdâhui, je suis quelque chose. Je ne suis plus ce fantĂŽme moyenniste que lâon ignore tellement quâil nâapporte rien, ni de bon, ni de mauvais. Une dizaine dâannĂ©es aprĂšs mon enfance et adolescence moyenne, ce que je fais est trop âdifficileâ, trop âcomplexeâ, trop âchiantâ pour mon entourage. Ils ne me suivent pas. Je suis une “machine”. Pourtant je vous assure que je ne suis pas devenue Neha Ramu ou soudainement surdouĂ©e. Ce que je fais de si incroyable ne lâest pas pour autant. Mais cela provient dâune force qui forge lâintĂ©rĂȘt, voire mĂȘme du fantasme : la discipline.
Pour premier exemple, je me suis lancĂ©e trĂšs sĂ©rieusement dans le fitness puis le bodybuilding avec une moyenne de 5 Ă 6 sĂ©ances logiquement programmĂ©es par semaine dans un planning ficelĂ© et largement optimisĂ© pour la performance physique. Je ne ratais que trĂšs peu de sĂ©ances et, Ă cette Ă©poque, je ne connaissais pas la âflemmeâ ou le âmanque de motivationâ pour faire du sport. Sorties ou pas sorties, pluie ou soleil, Ă pied ou en voiture, Ă©tĂ© comme hiver, de jour ou de nuit.
JâĂ©tais cette folle qui venais sâentraĂźner tous les soirs de 22h Ă 23h dans une salle ouverte h24 Ă Aix-en-Provence (qui a ensuite brĂ»lĂ©e, paix Ă son Ăąme et Ă la mienne) pour avoir la paix et pouvoir progresser sereinement.
JâĂ©tais cette fille qui bossait, et qui bossait Ă une vitesse folle. Qui ne sâarrĂȘtait pas et qui ne sâen plaignait pas. JâĂ©tais celle qui multipliait les projets mais surtout les concrĂ©tisait, qui apprenais, agissait et Ă©voluais, qui mordait la vie Ă pleines dents. La curieuse qui allait plus loin que ce qu’on lui demandait. MĂȘme si tout cela nâĂ©tait quâen coulisses et non officiel.
Si vous parlez de moi Ă mes ami-e-s actuels, mes anciens camarades d’UniversitĂ© et de Master, ils vous diront que je suis une sorte de machine, trĂšs chanceuse et qui possĂšde des facultĂ©s extraordinaires et mĂȘme des facilitĂ©s.
Si vous parlez de moi Ă mes anciens de camarade ou mes professeurs de primaire et de collĂšge, ils vous diront que jâĂ©tait juste une fille passe-partout, “moyenne”, une chĂątain parmi les autres, un corps “normale”, une beautĂ© “normale”, des capacitĂ©s moyennes, un caractĂšre effacĂ©, une participation inexistante ou quâils ne se souviennent tout simplement de moi.
Quâest-ce qui a pu faire la diffĂ©rence alors?
Je vais vous le dire.
1 | Imaginer puis choisir la ligne de son futur.
J’en ai passĂ© des heures Ă “rĂȘvasser”, Ă ĂȘtre perchĂ©e dans ma tĂȘte “au-dessus des nuages” comme on a pu me le dire Ă©tant plus grande que mes anciens camarades. MĂȘme que je peux passes des heures dans les toilettes, pour visualiser et imaginer, penser. J’aime bien aller au trĂŽne pour me poser et rĂ©flĂ©chir, du coup, j’y reste parfois longtemps.
Je profite de ce moment parfaitement solitaire, cet instant de pause normalisĂ© pour fermer les yeux et visualiser … Lorsque je sors enfin des toilettes, on a tendance Ă me dire quelque chose du genre :
“- Eh ben t’en a mis du temps, t’as pas digĂ©rĂ©/t’es tombĂ©e dans le trou ?”
J’aime leur rĂ©pondre :
“- Non. J’Ă©tais en train de crĂ©er un business.”
Nous sommes des personnes moyennes lorsque nous souhaitons tout faire. Car au final, nous ne faisons que du âmoyenâ. Il est impossible pour le commun des mortels (donc les moyennistes) dâĂȘtre rĂ©ellement bon de partout. Câest pour cela que nous Ă©voluons actuellement dans un monde de âspĂ©cialistesâ, des experts dâun seul sujet quâils connaissent sur le bout des doigts. La spĂ©cialisation est attractive car nous sortons de cette moyennetĂ© fade. Et je pense que câest juste. Dâune part, ce que nous appelons les âgĂ©nĂ©ralistesâ possĂšdent en rĂ©alitĂ© une spĂ©cialisation dans la stratĂ©gie et la vision globale, dâautre part câest lâexpĂ©rience qui nous rend rĂ©ellement bons et lâexpĂ©rience nĂ©cessite du temps.
Et ce temps nâest pas illimitĂ©. Câest pourquoi nous devons faire des choix de vie, de personnalitĂ© et dâactions. Ce sont des sacrifices, certes, mais de basse valeur tant que nous cherchons Ă Ă©couter nos vrais besoins humains profonds. Pour sortir du moyennisme, jâai cochĂ© des options et oubliĂ© les autres en parallĂšle. Jâai donc finit par choisir :
- Ma voie professionnelle
- Ma reconversion professionnelle
- Ma monotonie
- Mes changements
- Mon ennui
- Ma folie
- Ma solitude
- Mes doutes
- Mes talents
- Mes avantages
- Mes inconvénients
- Mes faiblesses
- Mes forces
- Ma passion
- Mes activités
- Mes priorités
- Mon rythme
- Mes dégoûts
- Mes peurs
Vous pensez que lâon ne choisit pas ses forces, ses peurs et ses faiblesses ? Au fond, et Ă notre Ă©poque, cela est faux : tout ce que nous possĂ©dons peut ĂȘtre changĂ©, amĂ©liorĂ© ou dĂ©truit. Tout cela rĂ©side dans nos actions et/ou nos non-actions. Si je souhaite vaincre une peur, je peux la surmonter (avec sĂ»rement de lâaide externe et avec difficultĂ©). Si je souhaite attĂ©nuer une force, je peux stagner ou mâarrĂȘter. Si je souhaite transformer un inconvĂ©nient en avantage, je peux le travailler et lâexpĂ©rimenter (oui, c’est du travail !). Tout est possibleâââen passant outre des consĂ©quences de ces possibilitĂ©sâââcâest pour cela que je parle de choix. Pas de situation. Et câest lĂ que le ou la moyenniste peut se sortir de sa prison dâinvisibilitĂ©, de son Fatalisme, et devenir quelquâun.
Mais comment faire pour savoir et dĂ©cider ? Pour faire les bons choix et les bons sacrifices ? Tout simplement grĂące au pouvoir de la visualisation et de lâimagination rĂ©aliste.
La visualisation est la possibilitĂ© de crĂ©er des mondes parallĂšles que nous contrĂŽlons Ă 100%, oĂč nous pouvons tester tout ce dont nous doutons et imaginons.
Chaque soir, pour mâendormir, je me racontais une histoire. MON histoire oĂč jâĂ©tais toujours le personnage principal. Je me mettais dans diverses situations rĂ©alistes, positives ou nĂ©gatives, pour imaginer mon comportement, ma situation dans tel ou tel contexte. Imaginer et visualiser câest pouvoir crĂ©er de toutes piĂšces un futur de plus en plus probable car de plus en plus rĂ©aliste, au fur et Ă mesure que nous confrontons cette histoire avec la vie rĂ©elle (celle que nous vivons physiquement).
2 | Visualiser puis planifier sa vie de rĂȘve
Nous devenons ce que nous imaginons de nous-mĂȘme.
Câest simple : notre cerveau ne fait aucune diffĂ©rence entre ce que nous vivons rĂ©ellement et ce que nous nous imaginons dans notre tĂȘte. Câest pour cela que certains mauvais rĂȘves continuent de nous tourmenter plusieurs dizaines de minutesâââvoire heuresâââaprĂšs avoir, pourtant, repris totalement connaissance.
Jâai arrĂȘtĂ© de me considĂ©rer comme une personne moyenne lorsque jâai renouĂ© avec mon ego. Vous savez, ce meilleur ennemi et ce pire alliĂ© de notre vie. Il mâa fallu du temps pour mâautoriser Ă rĂȘver dâun monde parallĂšle oĂč jâĂ©tais au-dessus de la moyenne, mĂȘme, oĂč jâĂ©tais lâhĂ©ros de ma vie. Jâai osĂ© me voir comme quelquâun de meilleur, de mieux, dâun peu au-dessus, voire carrĂ©ment au-dessus, comme un fantasme.
Le but nâest pas, uniquement, de se plonger dans un univers parallĂšle et imaginaire. Notre imagination et notre visualisation ne sont quâun laboratoire de vie et un outil de scĂ©narisation :
Quâen serait-il si jâĂ©tais X ? ou alors Y ? ou pas ? Quâen serait-il si jâavais X ? ou alors Y ? ou pas ? Quâen serait-il si je faisais X ? ou alors Y ? ou pas ? Quâen serait-il si X revenait ? ou alors Y ? ou pas ?
Ce sont des questions qui peuvent trouver rĂ©ponse dans notre capacitĂ© Ă crĂ©er des liens entre les informations et reconstituer une expĂ©rience de notre propre point de vue. Elles nous permettent, lors de lâĂ©coute de nos Ă©motions et de notre corps, de nous situer face Ă tel ou tel contexte et face Ă telle ou telle option.
Vous pouvez trĂšs bien modifier le monde parallĂšle en incluant un univers ou des donnĂ©es fantastiques, surrĂ©alistes ou surnaturelles. Le plus important rĂ©side dans le rĂ©alisme de votre comportement, et de celui des autres, dans ce monde parallĂšle. Vous ne devez pas vous mentir Ă vous-mĂȘme ou renier votre caractĂšre sous couvert dâimaginaire ou de âfausse-rĂ©alitĂ©â. Acceptez vos dĂ©fauts actuels, qui peuvent ĂȘtre des dĂ©fauts anciens dans vitre Moi supĂ©rieure, dans votre monde visualisĂ©.

Nous définissons notre propre moyenne.
Le problĂšme rĂ©side dans l’intĂ©gration des choix, des sacrifices des autres dans notre propre vie. Le problĂšme c’est de tracer sa vie sur celle des autres. Si nos parents sont des citadins bureaucrates, doit-on nous restreindre Ă renier notre envie de grands espaces et notre rĂȘve d’Ă©lever des bouquetins en campagne Savoyarde ? Si tous nos amis n’ont pas dĂ©passĂ© le stade des amourettes cul-cul et de la tĂ©lĂ©rĂ©alitĂ©, devons-nous oublier notre rĂȘve d’obtenir un doctorat ? Et si nos parents sont des scientifiques (de profession ou de “mentalitĂ©”), cela doit-il nous empĂȘcher de construire une carriĂšre musicale ?
Non.
La moyenne dâune personne nâest pas celle dâune autre. Tout comme le niveau dâune Ă©cole dâune ville ou dâun quartier sera diffĂ©rent dâun autre. Câest quoi cette moyenne alors ? Ces normes qui dĂ©finissent le 0, le 20 et le 10 oĂč nous sommes bloquĂ©s ? Ă force d’ĂȘtre compĂ©titif-ve, nous nous valorisons et nous notons sur les normes d’autrui : comme comparer les talents d’un oiseau Ă celui d’un poisson. Votre prĂ©fĂ©rence pour l’un ou pour l’autre ne dĂ©pend que de vous.
C’est comme choisir entre deux talents : plutĂŽt pouvoir voler ou respirer et voir sous l’eau ? Si vous ĂȘtes fans de la Petite SirĂšne, peut-ĂȘtre que vous prĂ©fĂ©reriez vivre dans l’ocĂ©an avec Polochon. Si vous adorez les dragons, votre souhait de voler comme eux sera prĂ©dominant. Lequel de ces deux talents est meilleur ? Aucun ou les deux. Vous connaissez la cĂ©lĂšbre citation d’Albert Einstein sur le poisson qui apprend Ă grimper ? Aller, je vous la remets :
« Si vous jugez un poisson sur ses capacitĂ©s Ă grimper Ă un arbre, il passera sa vie Ă croire quâil est stupide. »
Albert Einstein
Les moyennistes sont les poissons dans une Ă©cole de Grimpe Aux Arbres. Visualisez-vous dans une autre Ă©cole, plusieurs autres Ă©coles, et vous verrez. Tout est simple, la moyenne n’est plus un plafond de bĂ©ton armĂ©, mais de verre, forgĂ© par notre esprit (auto)manipulĂ©.
Happy ending.
Finalement, jâai rĂ©ussi Ă devenir quelquâun. Aujourdâhui je suis une machine, une guerriĂšre, une opiniĂątre, quelques fois une alien ou une bizarrerie sociale. Je suis une bosse, un creux, mais plus jamais quelque chose de plat, de lisse et dâennuyeux. Ce que l’on ne regarde plus, c’est les cheveux comme tout le monde, la beautĂ© normale : c’est tout le reste, tout ce que j’ai construit, tout ce que j’ai travaillĂ©. Le travail est un idĂ©al et un fantasme que beaucoup envient et pensent ĂȘtre du “talent”. Mais le talent, c’est du bullshit pour moi : ce n’est qu’un travail prĂ©coce et/ou dans l’ombre, qui surprend.
Alors, si je peux, tout le monde le peux.
Ce qui mâa sauvĂ© dâune vie mĂ©diocre câest dâavoir rĂȘvĂ©. De mâĂȘtre imaginĂ©e dans diverses situations, contextes. Dâavoir Ă©tudiĂ© ce que jâaurais bien aimĂ© faire comme si jâavais actuellement toutes les compĂ©tences. Puis dâavoir compris Ă 26 ans quâil fallait vivre pour rĂ©aliser ces songes et ces besoins profonds camouflĂ©s.
Mais le plus important câest de savoir que son Soi dâhier Ă©tait bien plus nul que celui dâaujourdâhui. Câest par la progression constante que nous sortons du moyennisme.