Les extravertis tirent leur Ă©nergie par lâĂ©bullition du monde, de ces mystĂšres et ses ĂȘtres.
Nous sommes nuancĂ©s par deux types de personnalitĂ© : les plus introvertis, et les plus extravertis. Bien que certaines personnes se situent entre les deux, nous avons tendance Ă prĂ©fĂ©rer la bonne compagnie ou la solitude totale. Cette affection pour lâun ou pour lâautre provient de lĂ oĂč nous arrivons Ă puiser notre Ă©nergie : soit de lâextĂ©rieur (les autres), soit de lâintĂ©rieur (soi-mĂȘme). De cette mĂȘme maniĂšre, lâun ou lâautre draine cette mĂȘme Ă©nergie.
Ainsi un extraverti sera affaibli par sa solitude, aussi positive et mĂ©ditative soit-elle. Et un introverti sera affaibli par les relations sociales, aussi saines et plaisantes soient elles. Câest un fait Ă rĂ©aliser. Il nây a donc aucune culpabilitĂ© Ă souvent demander de la compagnie ou Ă vouloir sâisoler rĂ©guliĂšrement : tant que cette action nous permet de reprendre du poil de la bĂȘte et de remettre les pendules Ă lâheure.
Introverti-e : â Quoi, un confinement ? Ăa veut dire quâon me force Ă faire ce que jâadore faire : rester dans mon monde ? đ â
Extraverti-e : â Quoi, un confinement ? Ăa veut dire quâon va me couper de force de mon monde : lâextĂ©rieur, les autres ? đ â
Le confinement des extraverti-e-s
Difficile de rester seul chez soi sans sortir ou avec les mĂȘmes personnes dans un espace (trĂšs) limitĂ© ? Angoisse profonde de certains individus ⊠Les extravertis pensent que nous nâallons pas tenir ces 6 (ou plus) semaines de confinement. Câest relativement exact si nous arrivons Ă prouver quâune grande majoritĂ© de la race humaine est extravertieâââje nâen ai aucune idĂ©e ni aucune Ă©tude sĂ©rieuse et non biaisĂ©e. Mais il est vrai que ce monde est construit et dĂ©veloppĂ©, typiquement pour des personnalitĂ©s extraverties. Pour la connexion sociale.
Peut-on alors oublier le danger sanitaire rĂ©el quâest la pandĂ©mie (pour soiâŠ) et se foutre dâaider autrui Ă survivre (âŠet pour les autres) car nous souhaitons continuer Ă vivre notre vie grĂące Ă notre environnement externe ?
Quel degrĂ© dâinconscience ou de je-mâen-foustisme-aiguĂ« affublent les individus qui prennent la dĂ©cision de tout de mĂȘme partir en vacances en campagne ou dans le Sud en emportant le virus dans leurs valises ?
Peut-on rĂ©ellement braver le confinement, rempart facile dâune pandĂ©mie, pour une quelconque raison sans ĂȘtre Ă©goĂŻste ?
Ce qui nâa pas Ă©tĂ© affectĂ©âŠ
Les extravertis sont les rois et les reines de la connexion sociale. Ce sont eux qui forment les communautĂ©s, les groupes, les teams. Ils sâentourent sur une base dâamitiĂ©, de valeurs communes, de passions partagĂ©es et dâactivitĂ©s collectives Ă vivre ensemble : dâune Ă©volution mitoyenne.
Tout est prĂ©texte Ă se retrouver, Ă passer du temps ensemble. Les extravertis sâen retrouvent dynamisĂ©s et le meilleur, câest quâils transmettent ensuite cette Ă©nergie autour dâeux. MĂȘme aux introvertis si ces derniers ne sont pas trop chahutĂ©s dans leur confort.
ForcĂ©ment, les outils numĂ©riques sont dâune facilitĂ© pour garder le contact. Bien que cela ne remplace pas le face-to-face, passer un coup de fil lors dâune marche furtive, sur le chemin du retour ou de lâaller, pour patienter, pour faire dâune pierre deux coups est si facile et pratique ⊠10 chiffres ou 3 clics et nous voilĂ connectĂ©s.
En cas dâextrĂȘme urgenceâââun confinementâââles outils numĂ©riques sont plĂ©biscitĂ©s et la mission des extravertis de connecter le monde est toujours belle et bien lĂ : ils ne se laissent pas dĂ©pĂ©rir dans cette Ă©preuve difficile pour eux. Ils font preuve de crĂ©ativitĂ© pour continuer Ă partager et recevoir, ils organisent des sessions de musique, de danse, ils chantent en chĆur sur les balcons (est-ce quâun introverti aurait lancĂ© ça ?), ils lancent les cyber-apĂ©ros, ils organisent des visio-HouseParty âŠ
VoilĂ quelque chose qui sâest digitalisĂ© mais qui nâa pas changĂ©.
Ce que ça changĂ©âŠ
Absolument tout le reste.
Je vois passer des articles sur la dĂ©pression liĂ©e au confinement, aux impacts psychologiques voire au stress post-traumatique de cette crise sanitaire. Les psychologues semblent ne pas aller tous vers la mĂȘme conclusion. Certains y voient des opportunitĂ©s, dâautres juste un coup dur de la vie. Je pense que cela dĂ©pend dâoĂč nous nous plaçons : dâun point de vue dâintroverti ou dâun point de vue dâextraverti.
Décortiquons cela :
Vision extravertie : un stress post-traumatique.
Dâun cotĂ©, nous avons la psychologue Catherine Tourette-Turgis qui a analysĂ© les Ă©tudes post-confinement Chinoises sur les consĂ©quences de cette crise sanitaire sur sa population. Le verdict est sans appel : plus dâun tiers des individus prĂ©sentent actuellement un stress post-traumatique. Ce qui induit que le confinement est un trauma, un Ă©vĂ©nement gĂ©nĂ©rateur dâune dĂ©tresse si importante et si soudaine quâil dĂ©clenche un syndrome dâanxiĂ©tĂ© qui perdure sur plusieurs mois (au-delĂ du naturel choc post-traumatique).
âUne durĂ©e de confinement de plus de dix jours, toutes Ă©tudes confondues, est prĂ©dictive de syndrome post-traumatique.â apprend-on par Catherine Tourette-Turgis.
La solitude et la limitation de notre espace de vie au-delĂ de 10 jours consĂ©cutif sont donc un trauma. Cette dĂ©limitation forcĂ©e dans notre propre foyer forge la panique : pĂ©nurie de papier toilette, de pĂąte Ă tarte, de pĂątes crues, dĂ©placement massif de la population en campagne… Dâun point de vue extraverti, je pense que ce trauma est vrai. Dâun point de vue introverti, cela est pourtant faux. En tant que lâun ou lâautre, ĂȘtes-vous dâaccord avec cela ?
En naviguant sur dâautres articles de ce mĂȘme site, je vois une suite logique Ă ce point de vu dâextraverti. Le philosophe Nicolas Grimaldi affirme que âlâon ne vit pas pour soi-mĂȘme, mais pour notre lien avec les autres.â. Ce nâest pas faux car notre espĂšce est typiquement sociale. LâĂȘtre humain est une meute solidaire et coopĂ©rative oĂč les carences affectives sont mortelles comme un poison. Nous ne pouvons nous soustraire Ă notre besoin de relations et de connexions sociales.
Mais, car il y a toujours un âmaisâ, le degrĂ© dâimportance du besoin social varie selon la personnalité : extravertie ou introvertie.
đŻââïžÂ Naturellement, lâextraverti tire son dynamisme et son Ă©nergie de ses connexions sociales, du lien quâil tisse avec le monde externe qui devient le sien. đ§ââïžÂ Lâintroverti lui, se rĂ©gĂ©nĂšre par sa solitude, par le calme que lui profĂšre son propre monde : ses pensĂ©es, son imagination.
Ainsi, la notion de besoin social diffĂšre dans sa durĂ©e, sa rĂ©currence et son intensitĂ© selon les individus. Nous sommes plus ou moins aptes Ă vivre pour la connexion sociale (extraversion) ou pour la relation propre que nous entretenons avec nous-mĂȘme (introversion).
âDans les autres facteurs qui favorisent le stress, il y a aussi lâennui : je nâai rien pour mâoccuper, je tourne sur du vide, alors je me laisse inquiĂ©ter.ââââCatherine Tourette-Turgis.
De lâennui. Effectivement, lorsque lâĂ©nergie est tirĂ©e par les activitĂ©s extĂ©rieures et sociales, il y a de quoi se retrouver une main devant, une main derriĂšre lorsquâil sâagit dâoccupation. Et Ă©videmment, lâennui fait peur car il nous fait faire face Ă nos propres problĂšmes, notre propre Moi. Ce sont tout ce que nous oublions grĂące aux autres, en nous focalisant sur lâextĂ©rieur plutĂŽt que lâintĂ©rieur. Beaucoup ont fui la ville, les petits appartements, pour venir se rĂ©fugier dans leur maison de vacances, chez des parents, des amis campagnards : dans des espaces plus grands et plus vivants quâune ville dĂ©serte (en mĂȘme temps si une ville est belle, câest parce quâelle est animĂ©e, quoi de plus affligeant que du bĂ©ton sans Ăąmes autour ?).
Nous avons tant Ă y faireâââmĂȘme tropâââque de nous enlever tout cela de force et du jour au lendemain est un crime.
Nous ne pouvons accepter, nous devons renier, trouver des excuses pour ne pas subir cela. Câest un comportement dâauto-dĂ©fense, de refus et de rejet dâune situation. Nous pouvons tout aussi relativiser : en temps de guerre physique (et non sanitaire) nos aĂŻeux nâavaient pas autant de confort et de moyens de connexion sociale. Mais une douleur ne peut se comparer Ă celle dâun-e autre. Ă chacun sa douleur, Ă chacun sa montagne. Câest ce que nous appelons la tolĂ©rance et la comprĂ©hension.
Ils veulent vivre, continuer Ă vivre. Pas Ă survivre.
Extraverti-e-s, comment vivez-vous, de votre propre point de vue, ce confinement ? Ătes-vous dâaccord avec les deux articles ci-dessous ?
Vision d’introverti : une “simple” pĂ©riode d’anxiĂ©tĂ©
Alors que la bombe est lancĂ©e : le confinement est un Ă©pisode traumatique, Wissam El Hage prĂ©tend le contraire. Le psychiatre a rĂ©pondu aux questions du eMagazine Usbek & Rica sur lâĂ©ventualitĂ© dâun stress post-traumatique en fin de confinement. De son point de vue, nous voyons quâil y considĂšre le verre Ă moitiĂ© plein plutĂŽt quâĂ moitiĂ© vide.
âOn âpathologiseâ beaucoup trop le confinement, quand on peut y voir une opportunitĂ©. Vous allez avoir du temps pour rester chez vous, faire ce que vous nâavez pas le temps de faire autrement. Câest peut-ĂȘtre le moment de prendre son temps, de rĂ©flĂ©chir, dâĂ©crire, de lire, de sâennuyer.ââââWissam El Hage
Typiquement une rĂ©ponse dâintroverti. Le Dr. El Hage considĂšre le confinement comme une opportunitĂ© de rester avec soi : ce qui effraie et/ou ennui totalement les extravertis. Tout simplement car ils ne sont pas Ă©nergisĂ©s par leur propre monde, mais celui quâils voient de leurs propres yeux.
Le rapport avec nos besoins profonds
Si ce trauma de 2020 ne touche pas le besoin fondamental primaire de survie (nourriture, hygiĂšne, eau, sommeil, habitation) des individus qui le satisfaisaient prĂ©-confinement, il affecte profondĂ©ment le besoin fondamental affectif et dâappartenance. CouplĂ© Ă une fracture du besoin de sĂ©curitĂ© financiĂšre (Ă©conomie gĂ©nĂ©rale et Ă©conomies individuelles mises Ă mal), nous avons tout pour dĂ©velopper une angoisse fondĂ©e.
âRappelons-nous ce quâest un traumatisme : il est la consĂ©quence dâune menace physique, dâune agression, dâune peur de mourir.ââââWissam El Hage
La seule question est : touche-t-elle assez profondĂ©ment Ă notre corps (besoin primaire de survie) pour en devenir un stress profond mĂȘme post-confinement ? Est-ce que votre vie reprendra son cours, est-ce que vous profiterez de cette libertĂ© retrouvĂ©e sans angoisser et sans stresser Ă nouveau ?
Pour ma part, je pense que cet Ă©pisode douloureux est un mal pour un bien : un effort juste pour aider les extravertis Ă toucher les bienfaits de la solitude et de lâintroversion.
Le confinement pour les extravertis câest une Ă©preuve constructive de se retrouver seul avec soi. Dâapprendre Ă sâoccuper avec soi-mĂȘme. Je dis bien une Ă©preuve car contrairement aux introvertis, la solitude est une sortie de zone de confort pour les extravertis.
Le risque pour ces personnalitĂ©s est de se retrouver Ă court dâĂ©nergie de par cet exercice dâintrospection, dâisolement et dâennui : de calme. Câest typiquement leur sortie de zone dâinconfort. Et nous savons que ces efforts se doivent dâĂȘtres rĂ©compensĂ©s par un rĂ©confort. Or, leur rĂ©confort se trouve dans la rue, dans la foule, dans les bars, les cafĂ©s, les attractions, dans leur libertĂ© sans limites, sans bornes et sans frontiĂšres.
La gestion du temps
âCe qui est un peu gĂȘnant dans le confinement, câest la dĂ©structuration du temps et de lâespace : lâindividu se retrouve contraint dans lâespace et dĂ©structurĂ© dans le temps. [âŠ] Pour mieux tenir les choses, aprĂšs une telle dĂ©structuration de votre organisation, il est nĂ©cessaire de donner une ossature Ă tout ça.ââââWissam El Hage
Couper ses journĂ©es et les segmenter donne cette impression de ârempliâ. Notre temps semble plein de diverses choses et de diverses tĂąches Ă rĂ©aliser. Au rĂ©veil, cela peut ĂȘtre intimidant, mais Ă la fin de cette journĂ©e nous pouvons nous fĂ©liciter dâavoir accompli autant. Avec quelques mĂ©thodes neuroscientifiques et psychologiques, nous arrivons Ă ne pas nous surbooker et focaliser sur lâessentiel pour vivre sereinement.
A contrario, ĂȘtre spontanĂ© donne une impression de prolongation de notre temps : car nous faisons peu mais plus longtemps en ces mĂȘmes 24 heures donnĂ©es. Lorsque nous dĂ©coupons nos journĂ©es en crĂ©neaux, nous mettons en place une heure limite (une deadline) qui semble faire passer le temps plus vite, exactement de la mĂȘme maniĂšre que lorsque les secondes passent plus lentement lorsque nous nous ennuyons ou lorsque nous patientons sans rien faire.
La dĂ©structuration du temps, lâĂ©limination de ces heures limites* transforme nos anciennes journĂ©es radieuses en journĂ©es interminables, couplĂ© au fait que nous sommes dans une attente. Lâattente de reprendre notre vie, de la fin de ce confinement, du dĂ©blocage de la situation. Câest cynique, mais cela ressemble aux journĂ©es dâune personne ĂągĂ©e non-autonome qui attend la fin de ses jours.
Alors si lâennui vous gagne, construisez votre propre planning, attribuez des heures de dĂ©but et de fin. Gardez cette diversitĂ© dâaction et de consommation. Ne restez pas toute une journĂ©e devant un jeux vidĂ©o ou devant Netflix : entrecoupez de tĂąches utilesâââonline et offlineâââadaptĂ©es Ă votre Ă©nergie quotidienne.
*áŽxáŽáŽáŽÊáŽê± ᎠâÊáŽáŽÊáŽê± ÊÉȘáŽÉȘáŽáŽê± :
- âJe dois ĂȘtre au travail Ă 9h, je dois prendre tel bus Ă 8h36, je dois donc finir mon petit-dĂ©jeuner Ă 8h20 et me lever Ă 7h45 pour lever les enfantsâŠâ
- âJe dois terminer de travailler sur ce projet Ă 17h pour rĂ©aliser ma sĂ©ance de sport dâune heure avant dâaller Ă cet apĂ©ro networking qui est Ă 19h.â
- âJe dois adapter mon Ă©nergie face au travail que lâon me demande/que je me sois attribuĂ© en travaillant sur x de 8h Ă 10h, puis sur y jusquâĂ 12h puis sur z de 16h Ă 18h.â
âDe toute maniĂšre, on ne tiendra pas le confinement. On va tous pĂ©ter un cĂąble avant !ââââun extraverti anonyme
Dâun point de vue extraverti oui, mais pas dâun point de vue introverti đ
Et si vous expĂ©rimentiez lâintrospection comme un jeu utile pour prendre votre mal en patience ? Glissez-vous quelque temps dans la peau dâun introverti, je vous jure que câest sympa. Rien ne vous empĂȘche de redoubler dâingĂ©niositĂ© pour continuer Ă crĂ©er des liens sociaux, de dĂ©couvrir les innombrables outils de visioconfĂ©rence !
Dâailleurs, jâai fĂȘtĂ© le 7 Avril dernier lâanniversaire de ma meilleure amie par Skype. Nous avons chacune fait un gĂąteau de notre cĂŽtĂ©, je me suis fait un gĂąteau de crĂȘpes-surprises, elle sâest faite une belle tarte aux fraises maison (son pĂ©chĂ© mignon) avec une bougie en forme de 3 quâelle a soufflĂ© deux fois pour ses 33 ans (Ăąge du Christ sâil vous plait). Tout cela accompagnĂ© de chocolats chauds (notre tradition) et nous nous sommes gavĂ©s de gĂąteaux que nous nâavons pas eu Ă nous partager (Ă©goĂŻsme-gloutonnisme quand tu nous tiens) dans la bonne humeur et le plaisir de vivre cette expĂ©rience crĂ©ative et particuliĂšre ensemble.
Jâai fait des captures vidĂ©os de cet anniversaire. Pour elle, cela sâannonçait ĂȘtre le pire anniversaire de sa vie. Je suis sĂ»re que cela sera le plus drĂŽle et le plus original de toute sa vie.